- DÉMENCE
- DÉMENCELe terme de démence, longtemps synonyme d’aliénation mentale, a vu, tout au long du XIXe siècle, sa définition psychiatrique se limiter et se préciser. La conception primitive n’apparaît plus actuellement que dans le langage courant et en médecine légale. Dans le premier, elle souligne l’impossibilité, pour le « dément », de toute vie collective et personnelle normale. Le légiste limite, quant à lui, le terme de démence à la seule notion d’irresponsabilité pénale. « Il n’y a ni crime ni délit lorsque le prévenu était en état de démence au temps de l’action » (article 64 du Code pénal).Actuellement, il convient de réserver, en pratique psychiatrique, le terme de démence aux états acquis d’affaiblissement mental frappant l’ensemble des facultés psychiques et altérant, avec l’affectivité et l’activité du malade, ses conduites sociales. L’évolution irrémédiablement progressive de ce déficit intellectuel reste un caractère essentiel des démences, bien que les progrès thérapeutiques aient permis, dans certaines démences d’origine infectieuse, comme la paralysie générale syphilitique, des améliorations sensibles. C’est pourquoi il importe que le diagnostic des démences soit étayé par de nombreuses investigations cliniques ayant pour objet de préciser la nature du processus pathologique et son dynamisme évolutif.Les processus dégénératifs, plus particuliers à l’adulte, relèvent principalement de la sénescence. Rançon de l’augmentation de la longévité, la relative fréquence des démences séniles pose à la fois un problème médical, qui est celui de la prophylaxie et de la thérapeutique du vieillissement, et un problème social, qui est celui de l’adaptation du vieillard et de l’assistance psychiatrique qu’il convient de lui assurer.Le cadre de la schizophrénie est venu d’autre part regrouper non seulement une grande partie des anciennes démences vésaniques, mais aussi les états pseudo-démentiels de l’adolescent et de l’enfant décrits dans la nosologie française sous le nom de démence précoce.1. Nosologie de la démenceDès le début du XIXe siècle, Pinel tente de classer les diverses espèces d’aliénation et distingue la manie, « où la faculté de jugement subsiste souvent », de la démence, « débilité particulière des opérations de l’entendement et des actes de la volonté » où « la faculté de pensée est abolie ». Esquirol devait ultérieurement insister sur le caractère acquis des troubles démentiels, opposant ainsi l’idiotie, de caractère congénital, à la démence, d’apparition secondaire. « L’homme en démence est privé des biens dont il jouissait autrefois. C’est un riche devenu pauvre; l’idiot a toujours été dans l’infortune et la misère. L’état de l’homme en démence peut varier, celui de l’idiot est toujours le même. » Mais Esquirol, en décrivant des formes passagères et des démences aiguës, ne fait pas de discrimination entre les affaiblissements intellectuels incurables et ceux qui sont réversibles. Le terme de stupidité, introduit par Georget en 1820 pour définir les déficits intellectuels passagers, paraît correspondre aux démences aiguës décrites par Esquirol. Ces états aigus, étudiés ultérieurement par Chaslin sous le terme de confusion mentale, seront bien décrits par Régis et par Seglas en France, qui les opposeront à la démence de caractère acquis, mais d’évolution irréversible.La découverte de la paralysie générale par Bayle (1822), avec ses lésions de méningo-encéphalite chronique, rapportées ultérieurement à la syphilis par Fournier, introduit la notion d’organicité en psychiatrie et fournit un premier facteur étiologique de démence. Ultérieurement, Klippel, avec la pseudo-paralysie générale soulignera l’importance des lésions vasculaires que préciseront Binswanger et Alzheimer dans certains états démentiels. En même temps, le rôle de la sénescence sera mieux compris avec les travaux de Klippel, de Lhermite, de Léri, tandis que Wernicke limitera le terme de presbyophrénie à la seule démence confabulante du sujet âgé. L’individualisation ultérieure des démences préséniles de Pick et d’Alzheimer, et plus récemment de la maladie de Creutzfeldt-Jakob, apporte toute une série de nouveaux facteurs étiologiques. L’ensemble de ces affections, dont l’état démentiel est l’aboutissant commun, malgré des nuances symptomatiques et évolutives particulières, constitue le groupe des démences organiques . Parfois celles-ci peuvent être secondaires à des causes toxiques, infectieuses, traumatiques dont la démence n’est qu’un des signes. Ailleurs, la démence résume tout le tableau clinique. Il en est de même des processus dégénératifs, actuellement mieux connus et observés durant la sénilité et le présénium.Le cadre classique des démences vésaniques , ou démences survenant au terme d’une psychose de longue durée, devait parallèlement se transformer et se limiter. L’évolution démentielle des vésanies est ainsi largement décrite par Esquirol, puis par Georget qui oppose démence primitive et démence secondaire, tandis que Morel (1860) la conçoit comme la « longue agonie d’un cerveau longtemps surmené par le délire et blessé dans ses œuvres vives ». Cette conception classique, mais assez imprécise, a perdu de son importance avec la connaissance des processus démentiels organiques dont le début peut être marqué par des troubles psychotiques. Les travaux de Kraepelin sur la démence précoce, puis les conceptions de Bleuler et la description de la schizophrénie devaient réduire de plus en plus l’usage de cette notion traditionnelle devenue anachronique dans la nosologie contemporaine.Ces constatations historiques illustrent ainsi les divers problèmes diagnostiques soulevés en pratique par les états démentiels: processus démentiels organiques, épisodes confusionnels transitoires, états stuporeux d’origine thymique, désagrégation physique pseudo-démentielle des états schizophréniques.2. L’évolution démentielleLa désorganisation globale et progressive de l’ensemble des facultés mentales rend malaisés une description synthétique des troubles démentiels.– Au début, la démence, d’installation insidieuse, peut ne pas s’imposer avec évidence, et l’existence de la détérioration intellectuelle ne sera affirmée que sur des données psychométriques. Des troubles de l’humeur, des préoccupations délirantes, le plus fréquemment à type de persécution ou de préjudice, des altérations de la mémoire, affectant plus gravement les souvenirs récents que les faits anciens, peuvent en marquer le début. Ailleurs, des actes médico-légaux, des difficultés socio-professionnelles révèlent des troubles déjà évolués et le plus souvent méconnus de l’entourage. Le déficit mental affecte pourtant déjà l’ensemble des fonctions intellectuelles et intéresse à la fois raisonnement, jugement, abstraction, compréhension, association des idées et attention.L’examen psychométrique précise l’existence de la détérioration intellectuelle et permet dans une certaine mesure d’en apprécier l’importance. Il fait la part entre le niveau d’efficience antérieure, jugé sur certains tests mieux exécutés, comme le test de vocabulaire de Binois et Pichot, et l’efficience actuelle. L’échelle de Wechsler-Bellevue, avec les épreuves « qui tiennent » (surtout de vocabulaire) et celles « qui ne tiennent pas » (arithmétique, cubes de Kohs, code, etc.), permet l’appréciation d’un indice de détérioration; le test de rétention mnésique de Benton, le PM 38 (progressive matrice 38 de Raven) sont également très sensibles à cet égard.Toutes ces épreuves sont utiles car, en pratique, la bonne conservation des structures verbales, des automatismes socio-professionnelles acquis, la bonne adaptation à un milieu et à ses habitudes peuvent faire illusion pendant longtemps et masquer la détérioration intellectuelle. Celle-ci se révèle souvent de manière brutale lorsque les circonstances amènent le sujet à quitter son milieu et ses habitudes.– À un stade plus avancé, la démence est évidente. Les troubles profonds du jugement et de la conduite s’expriment par des actes absurdes, des erreurs professionnelles grossières et répétées, des atteintes à la moralité et à la sexualité. Des troubles de l’orientation temporo-spatiale peuvent entraîner des fugues avec errances. La capacité d’expression verbale est très altérée, avec réduction importante du stock idéique, usage de formules stéréotypées. Le fonds mental est grossièrement désorganisé et l’indifférence aux échecs, aux erreurs, va souvent de pair avec une profonde indifférence affective, une négligence de l’entourage et de soi-même.En pratique, l’affirmation du processus démentiel après élimination de divers diagnostic (tumeurs frontale ou de la base du cerveau, états confusionnels toxiques ou infectieux) rend indispensable en plus des sanctions thérapeutiques possibles, des mesures de protection comme l’assistance d’un conseil judiciaire ou l’interdiction mettant le malade en tutelle. De même, des mesures d’internement seront à envisager si des troubles importants du comportement et l’absence d’un milieu familial capable le nécessitent.– À la phase terminale, la désintégration psychique est profonde: troubles du comportement, activité insolite et désordonnée, incurie, gâtisme, malpropreté, apragmatisme. La désorientation est complète, les troubles mnésiques massifs, l’indifférence totale. Le langage peut être massivement appauvri jusqu’au mutisme terminal, avec quelques propos stéréotypés ou quelques phénomènes itératifs (écholalie, palilalie). Les troubles du comportement, l’agitation, la turbulence, le gâtisme imposent l’internement.3. Les principales démencesDémences dégénérativesLa démence sénileLa démence sénile est une régression globale et définitive des fonctions psychiques apparaissant après soixante-cinq ou soixante-dix ans. L’imprécision de cette définition, basée sur l’âge, est l’un des éléments de discussion nosologique. Ceci est d’autant plus vrai que les lésions microscopiques (association de lésions neuronales à type de dégénérescence neurofibrillaire, de dégénérescence granulo-vacuolaire et de plaques séniles) sont communes à la sénescence physiologique et à la maldie d’Alzheimer.La démence sénile simple se traduit par des troubles progressifs assez banals: fatigabilité intellectuelle, indifférence affective, égoïsme, négligence corporelle et alimentaire, idées de préjudice, de frustration, dépression. La réduction du vocabulaire contraste parfois avec une véritable incontinence verbale (logorrhée, bavardage ou radotage).Des troubles du comportement, souvent marqués, avec des bouffées d’agitation à maximum nocturne, des troubles du caractère, joints à l’incurie, peuvent imposer l’hospitalisation. L’évolution, fonction des tares viscérales particulières à cet âge, peut se prolonger plusieurs années.La presbyophrénie de Wernicke (1906) est caractérisée par l’importance des troubles mnésiques affectant surtout la mémoire de fixation. La désorientation temporo-spatiale, les fausses reconnaissances, la fabulation et l’euphorie réalisent un tableau de démence confabulante assez semblable au syndrome de Korsakov, mis à part l’importance de la détérioration intellectuelle.Démences présénilesL’individualisation des démences préséniles est déterminée par leur survenue habituelle aux environs de la cinquantaine, ce qui n’exclut pas cependant la possibilité de formes plus précoces ou au contraire très tardives. Elles comprennent essentiellement les tableaux des maladies d’Alzheimer et de Pick, souvent confondues au point de vue clinique, mais dont les lésions anatomiques sont très différentes.La maladie d’Alzheimer est environ quatre fois plus fréquente. Son individualisation date des descriptions anatomiques d’Alzheimer (1906) et cliniques de Bonfiglio (1908) et Perusini (1909).Elle réalise une atrophie cérébrale diffuse où les lésions microscopiques (plaques séniles, dégénérescences neurofibrillaires et dégénérescences granulo-vacuolaires), identiques à celles de la démence sénile, n’en diffèrent que par leur plus grande intensité. L’évolution, qui n’excède pas deux à cinq ans, est marquée par des difficultés mnésiques et des troubles de l’orientation temporo-spatiale profonds et précoces. La netteté d’un syndrome aphaso-apraxique donne un aspect particulier à la démence, notamment l’aphasie avec jargon, associée aux itérations verbales.Les rapports avec la démence sénile paraissent étroits, et l’analogie des lésions anatomiques plaide pour les conceptions unicistes (Mutrux) que confirment les données de microscopie électronique. Il s’agirait d’un processus dégénératif semblable; des conditions dépendant du terrain et de l’âge d’apparition expliqueraient les quelques différences lésionnelles purement quantitatives et les particularités cliniques et évolutives.La maladie de Pick , individualisée à partir des cas d’atrophie cérébrale circonscrite étudiée par Pick (1892-1904) et des synthèses anatomo-cliniques d’Onari et Spatz (1926), réalise une atrophie cérébrale circonscrite remarquable par sa localisation fronto—temporale, respectant la partie postérieure du lobe temporal et notamment les zones du langage. Les lésions microscopiques à type de gonflement neuronal avec gliose, les altérations associées de la substance blanche évoquent un processus dégénératif systématisé probablement sous-cortical. La fréquence des formes familiales ou héréditaires, l’existence de formes précoces et de formes de passage vers d’autres maladies dégénératives (chorée de Huntington, sclérose latérale amyotrophique) achèvent de la caractériser.Le tableau clinique est celui d’une démence frontale avec un respect relatif des fonctions intellectuelles élémentaires et instrumentales au début, euphorie ou akinésie, comportement stéréotypé. Le langage réduit peut confiner au mutisme, sans élément aphasique.La maladie de Creutzfeld-Jakob , d’individualisation plus récente (1920-1921), paraît actuellement plus fréquente. L’association d’une démence subaiguë d’évolution rapide en six mois à un an, de troubles pyramidaux, de signes extrapyramidaux avec mouvements anormaux, de myoclonies, parfois d’une atteinte nerveuse périphérique, constitue l’essentiel du tableau clinique, qualifié de pseudo-sclérose spastique par Jakob, de dégénérescence cortico-strio-spinale par Wilson.L’existence d’une gliose importante et d’une spongiose corticales sont caractéristiques, mais l’importance de cette dernière dans la variété occipitale d’Heidenhaim (démence avec cécité et myoclonies) est à l’origine des discussions concernant les rapports avec l’encéphalopathie spongi-forme subaiguë de Jones et Nevin. Le rôle des lésions thalamiques a été souligné dans certains cas.Cette affection est surtout caractérisée par la transmissibilité à l’animal (chimpanzé et autres espèces) à partir de fragments de biopsies cérébrales (Gazdusek et Gibbs, 1968). Ses analogies avec certaines affections virales animales (la tremblante du mouton) et avec une maladie humaine observée en Nouvelle-Guinée (le kuru), ainsi que sa transmissibilité expérimentale au singe, autorisent à considérer la maladie de Creutzfeldt-Jakob comme due à une infection lente à virus, bien que l’agent pathogène n’ait pas encore été isolé et que le tableau histopathologique ne comporte aucune des lésions habituelles aux encéphalites.D’autres processus dégénératifs neurologiques peuvent également s’accompagner d’une évolution démentielle, mais celle-ci reste alors au second plan. Il en est notamment ainsi de la chorée de Huntington, de certaines formes de sclérose latérale amyotrophique ou d’affections dégénératives portant sur les formations spinocérébelleuses qui peuvent s’associer à des altérations cérébrales.Démences artériopathiquesLes lésions vasculaires athéroscléreuses sont fréquemment associées aux lésions cérébrales dégénératives séniles (démences mixtes), mais leur seule présence peut rendre compte de certains tableaux démentiels. Classiquement, il s’agit de lésions diffuses et l’affaiblissement intellectuel est souvent marqué par des ictus plus ou moins régressifs, des signes neurologiques, des perturbations émotionnelles aboutissant au rire et au pleurer spasmodiques des états pseudobulbaires.Le processus lésionnel est habituellement constitué par des foyers lacunaires, mais des aspects comme celui de l’encéphalopathie sous-corticale de Binswanger ou de l’atrophie granulaire corticale sont possibles. Le rôle, dans ce dernier processus, des occlusions carotidiennes bilatérales, des cardiopathies évoluées, montre la dépendance étroite entre fonctionnement vasculaire général et fonctionnement cérébral.Ailleurs, les lésions sont localisées à certaines structures physiologiquement privilégiées: ramollissements thalamiques intralaminaires bilatéraux, altérant les fonctions d’intégration et le contrôle de l’activité corticale; ramollissement affectant les formations hippocampiques jouant dans le contrôle émotionnel et les phénomènes de mémorisation.Paralysie généraleMéningo-encéphalite syphilitique tertiaire, la paralysie générale a vu sa fréquence diminuer considérablement avec la prophylaxie et les thérapeutiques anti-syphilitiques.L’affaiblissement démentiel est associé à des préoccupations délirantes mégalo-maniaques avec expansivité et euphorie. À l’inverse, des formes dépressives sont également possibles. Le tremblement, les anomalies pupillaires avec signe d’Argyll-Robertson, la dysarthrie sont caractéristiques.Les anomalies du liquide céphalorachidien: lymphocytose, hyperalbuminorachie, modification de la réaction du benjoin colloïdal; les réactions biologiques de la syphilis positives dans le sang et le liquide céphalorachidien complètent le tableau.Le pronostic est fonction de la précocité du traitement. La malariathérapie, pratiquée depuis von Jaureg (1917), et surtout l’antibiothérapie peuvent amener une guérison remarquable si elles sont appliquées suffisamment tôt, une stabilisation du processus démentiel en cas d’instauration trop tardive lorsque l’atrophie cérébrale est déjà évoluée.Processus démentiels secondairesLa survenue de démences au cours de divers processus organiques est souvent discutable, car les troubles entraînés par les lésions cérébrales ne répondent pas toujours à la définition du processus démentiel.Les démences épileptiques correspondent souvent à l’évolution du processus organique cause de l’épilepsie. Parfois, le déficit intellectuel peut être consécutif aux lésions hippocampiques que provoque l’anoxie due à des crises répétées; il peut être simulé par un traitement médicamenteux barbiturique mal réglé.Dans les démences post-traumatiques , le traumatisme n’a souvent qu’un rôle déclenchant.Parmi les démences éthyliques , seules les lésions corticales laminaires décrites par Morel et la nécrose du corps calleux de Marchiafava-Bignami avec lésions cérébrales souvent associées constituent un tableau à peu près bien individualisé.Enfin, les démences post-oxycarbonées procèdent plus souvent de l’akinésie extrapyramidale due aux lésions pallidales anoxiques, que d’une démence vraie.Démences infantilesLa notion de démence infantile ne s’est imposée que tardivement et notamment après les travaux de Moreau de Tours (1888); celle de schizophrénie infantile est d’individualisation encore plus récente.La plupart des démences organiques de l’enfant sont dues à des processus acquis, et la régression intellectuelle coexiste avec les signes propres des diverses affections organiques. Parmi les causes infectieuses, la paralysie générale infantile est devenue beaucoup plus rare. Les séquelles d’encéphalites primitives et secondaires de l’enfant sont classiques. Plus intéressantes sont les régressions intellectuelles observées dans la leuco-encéphalite sclérosante subaiguë, les maladies démyélinisantes comme la maladie de Schilder, les diverses leucodystrophies et les processus dysmétaboliques comme les neurolipidoses tardives.Quant aux démences cryptogénétiques de l’enfant, il semble que la démence précocissime décrite par Sancte de Santis (1902) soit actuellement à intégrer dans le cadre de la schizophrénie infantile tout comme bon nombre de cas de démence de Heller (1908); ce cadre purement clinique correspond probablement aussi à des processus organiques méconnus et notamment à des neurolipidoses juvéniles et infantiles tardives.• 1381; lat. dementia → dément1 ♦ Ensemble des troubles mentaux graves. ⇒ aliénation, folie. « la démence de ce fou de Corinthe, convaincu que le soleil était uniquement fait pour l'éclairer — lui seul » (Goncourt). Sombrer dans la démence.2 ♦ Par ext. Cour. Conduite extravagante. ⇒ aberration, délire, égarement, folie, inconscience. C'est de la démence, de la pure démence d'agir ainsi.♢ Fam. (au sens de l'intensif dément) Ce festival rock, c'était de la démence !3 ♦ Psychiatr. Déchéance progressive et irréversible des activités psychiques, mentales. Démence sénile, traumatique.♢ Vieilli Démence précoce : ensemble de troubles mentaux très graves qui altèrent la structure mentale, dès l'adolescence. ⇒ hébéphrénie, schizophrénie. Démence paranoïde.⊗ CONTR. Équilibre, raison.Synonymes :- délire- déraison- égarement- foliedémencen. f.d1./d Altération grave du psychisme d'un individu. être atteint de démence.|| C'est de la démence!: c'est déraisonnable, insensé! V. délire.d2./d DR Aliénation mentale qui, reconnue au moment de l'infraction, entraîne l'irresponsabilité.d3./d MED Diminution irréversible des facultés mentales.|| Démence précoce ou juvénile. Démence sénile.⇒DÉMENCE, subst. fém.A.— PSYCH. [En parlant de pers.] Détérioration mentale acquise, progressive et irréversible. Démence alcoolique, infantile, précoce; en démence :• 1. La découverte par Bayle de la paralysie générale dont Baillarger devait souligner le caractère évolutif démentiel, introduisit la notion d'étiologie dans la conception de la démence et l'on décrivit « des » démences (sénile, paralytique, etc.).POROT 1960.SYNT. Démence artérioscléreuse, épileptique, lacunaire (ou des lacunaires), maniaque, mixte, paranoïde, toxique, traumatique, tumorale, vésanique; (être) en (état de) démence; simuler la démence.— DR. Trouble mental assez grave pour aliéner la liberté d'appréciation et de décision de celui qui en est atteint :• 2. Il n'y a ni crime, ni délit, lorsque le prévenu était en état de démence au temps de l'action, ou lorsqu'il a été contraint par une force à laquelle il n'a pu résister.Code pénal, 1969-70, art. 64, p. 37.B.— Courant1. Aliénation mentale; folie. Un accès, un acte, une crise, un signe de démence; être atteint de démence; sombrer dans la démence. La demi-démence de notre père ne saurait plus faire doute pour nous (MAURIAC, Nœud vip., 1932, p. 304).SYNT. Une atmosphère, une explosion, une période, une preuve de démence; la démence amoureuse, anticléricale, idéologique, patriotique; jusqu'à la démence; la démence du jeu; c'est une démence que de + inf.— Rare. [En parlant d'animaux] C'est trop tôt pour Jeune-Bleue et Chatte-Grise, qui contemplent de haut la démence des mâles (COLETTE, Mais. Cl., 1922, p. 246).2. P. exagér., péj. Action ou activité peu raisonnable, voire inquiétante. Un brin, un vent de démence; c'est de la démence; pousser la démence jusqu'à + inf. Notre incurable démence d'exploration, de méditation, d'extrapolation (ARNOUX, Visite Mathus., 1961, p. 40) :• 3. — Qu'importe mon corps! Démence que d'interroger ce jouet! Il n'est rien de commun entre ce produit médiocre de mes fournisseurs et mon âme où j'ai mis ma tendresse.BARRÈS, Sous l'œil des Barbares, 1888, p. 238.— Démence + subst. le plus souvent abstr.♦ Paroxysme de. Démence de colère (FEUILLET, Paris., 1881, p. 176).♦ Débauche de, profusion de. Une démence de richesses et de faste (HUYSMANS, À rebours, 1884, p. 40).— P. méton. (surtout au plur.)♦ Acte très déraisonnable :• 4. Dans le maëlstrom parisien, cette petite femme [Sidonie] tourbillonnait éperdument (...) tout annonçait qu'elle sombrerait bientôt, entraînant après elle l'honneur de son mari et peut-être aussi la fortune et le nom d'une maison considérable ruinée par ses démences.A. DAUDET, Fromont jeune et Risler aîné, 1874, p. 194.♦ Élément de la nature en folie (jeu de mots) :• 5. Au-dessous de nous, une meute de vagues poursuit une chasse extravagante. Quelle folie de mouvement sans objet! L'idée que nous sommes un navire [il s'agit en fait d'un avion] et que nous pourrions à la rigueur nous poser sur cette démence [la mer démontée], se présente à peine à l'esprit.THARAUD, Paris-Saïgon dans l'azur, 1932, p. 30.3. P. ext. [En parlant d'inanimés] En démence. En mauvais état. Après la mort de sa femme, Didace avait laissé plusieurs choses en démence sur la terre (GUÈVREMONT, Survenant, 1945, p. 66).Prononc. et Orth. :[
]. Ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. 1381 « aliénation mentale » (Poème Gd schisme, 68, 3 ds T.-L.); 2. 1704 p. ext. « conduite extravagante » (Trév.). Empr. au lat. class. dementia, de de- privatif et mens « esprit, intelligence ». Fréq. abs. littér. :551. Fréq. rel. littér. :XIXe s. : a) 722, b) 904; XXe s. : a) 1 159, b) 544.
démence [demɑ̃s] n. f.ÉTYM. 1381; du lat. dementia, de demens. → Dément.❖1 Dr. et cour. Ensemble des troubles mentaux graves. ⇒ Aliénation, folie, maboulisme (vieilli). || Sombrer dans la démence. || Être en démence.1 Le majeur qui est dans un état habituel d'imbécillité, de démence ou de fureur, doit être interdit, même lorsque cet état présente des intervalles lucides.Code civil, ancien art. 489.N. B. La terminologie de cet article est abandonnée; le code actuel (décret de 1975) parle de trouble mental.2 La vanité de l'auteur dramatique a quelque chose de la démence de ce fou de Corinthe, convaincu que le soleil était uniquement fait pour l'éclairer — lui seul.Ed. et J. de Goncourt, Journal, p. 266.2 (1704). Cour. Conduite extravagante. ⇒ Aberration, délire, égarement, folie. || C'est de la démence, de la pure démence d'agir ainsi.3 (…) le siècle de Louis XV est une orgie de taverne, où la démence s'accouple au vice.Hugo, Littérature et Philosophies mêlées, 1823-1824, Idées au hasard, VII.♦ Par métonymie. || Une démence : un acte dément.3 Psychiatrie. Déchéance progressive et irréversible des activités psychiques, mentales, due à des causes neurologiques. || Démence sénile, traumatique.♦ Démence précoce : ensemble de troubles mentaux très graves qui altèrent la structure mentale, entre la puberté et la maturité (hébéphrénie, démence paranoïde, schizophrénie).➪ tableau Principales maladies et affections.❖CONTR. Équilibre, raison.
Encyclopédie Universelle. 2012.